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chouette souris chasse retaillée

Vous ne lirez pas le reportage d’une traite, préparez-vous c’est un gros morceau.
Avec 10 questions et 7 intervenants, impossible de faire court pour donner la
parole à tous. Ce n’est donc plus un petit article mais un véritable reportage sur la chasse.

-I- INTRODUCTION

Figurez-vous que, plus j’avançais dans ma recherche d’intervenants pour cet article, plus les difficultés rencontrées m’ont convaincu de ne pas lâcher l’affaire. J’ai été confronté à des ambiances qui m’ont pas mal refroidies, mais justement c’est là que j’ai compris qu’un article réunissant des membres des deux côtés de la barrière, serait vraiment utile. Après, je sais que les extrémistes de chaque cause ne liront qu’entre les lignes je suis conscient que ce n’est pas moi qui vais changer les choses. Mais j’aurais le mérite d’avoir essayé de comprendre et faire comprendre la situation.

De quoi je parle ? Et bien de ce climat de méfiance qui règne entre chasseurs et anti-chasses. Dans un groupe anti on m’a traité d’espion des chasseurs et de tueur sanguinaire car je n’étais pas  »contre la chasse » et refusé l’accès à ce groupe. L’administrateur d’un autre groupe anti m’a même insulté sans chercher à comprendre la démarche (poser des questions, donner la parole). Sur un groupe pro-chasse on m’a répondu que je dérangeais à poser des questions dont « tout le monde se foutait » (je cite), m’expliquant que « les vegans c’était pas ici » alors que je mange autant de viande que la moyenne. Je vous passe les commentaires de personnes qui tranchent « on ne peut pas être neutre sur la chasse, on est pour ou on est contre, si tu n’es pas contre tu es dans le camp des assassins ». Ma foi, je botte au milieu ! Je pense que c’est plus compliqué que ça et c’est cela qui m’a motivé à contacter tous ces intervenants.

En réalité, j’ose croire que la plupart des pro ou anti veulent surtout une rationalisation de la chasse pour éviter les abus, les pratiques illégales. Je suis convaincu qu’en se parlant on arrivera à réaliser au final que les deux parties peuvent cohabiter et justement continuer à chacun défendre leurs convictions. Voyons désormais l’opinion éclairée des intervenants que nous avons réunis et qui ont vraiment réfléchi au problème. Quelle est la réalité du terrain ? La chasse a-t-elle toujours sa place dans notre société ? Le dessin animé Bambi aurait-il vu le jour si on avait interdit la chasse à l’époque (humour) ?

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-II- LES INTERVENANTS

Nous avons réuni trois chasseurs afin de nous parler de leur discipline, un grand merci à eux d’avoir pris la parole dans un contexte où les médias n’en dépeignent pas forcément une superbe image.

> Christophe nous vient de l’Est de la France, il a le permis de chasse depuis 30 ans. Toutefois, il ne chasse pas car il ne s’estime pas en phase avec certaines pratiques. Il se consacre donc au piégeage pour lequel il possède un agrément et seulement contre les nuisibles envahissants. Il milite pour une chasse de régulation et non de loisir.

> Florian nous vient aussi de l’Est, il chasse depuis 5 ans et ajoute qu’il a encore plein de choses à apprendre. Il pratique la chasse à l’affût, chasse traditionnelle de culture germanique. C’est une pratique sélective (toujours utilisée en Allemagne) où on observe plus qu’on ne tire et où on tire en priorité les individus vieux et malades pour redynamiser ou au contraire les jeunes mâles pour ralentir, l’expansion d’une espèce.

> Mathias nous vient du sud-ouest, il est chasseur depuis 4 ans. Bien que possesseur d’armes multiples depuis des années, en lien avec sa passion pour le tir en compétition (Tsv / IPSC), il a attendu d’arriver dans le Gers pour s’y mettre.

Nous avons également réuni quatre non-chasseurs qui militent en faveur d’une chasse plus rationnelle et qui s’accorderait avec les associations naturalistes et de protection des animaux. On les appelle souvent les anti-chasses, pour aller plus vite, mais je trouve que ce mot sonne négativement. En réalité ils sont surtout pro-animaux que anti-quelque-chose. Merci à eux d’avoir répondu présents et surtout posément, avec des arguments, au lieu de me crier dessus comme certains de leurs camarades.

> Anne est une globe-trotteuse, fraîchement rentrée de 5 ans en Inde. Elle a une bonne connaissance de la chasse (battue aux faisans en Angleterre, direction d’un camp de chasse en Tanzanie organisant des safaris avec des guides maasaï ou hadzabe) même si cela ne lui laissa pas un bon souvenir, c’est peu dire.

> Brigitte est fille et nièce de chasseurs. Adolescente elle allait tous les 15 jours à la chasse et fut éduquée à une chasse plutôt solitaire, fuyant les battues autant que possible. Cela fait une trentaine d’années qu’elle prône le compromis, sachant bien qu’il est trop tôt à notre époque pour demander l’abolition de la chasse. Elle souhaite des aménagements de toute urgence, des hausses des contrôles et un durcissement de l’examen.

> Nicolas ?

> Roz’n a grandi dans un milieu proche de la chasse et de la pêche, cela fait 30 ans que son choix de prendre ses distances a été acté et qu’elle regarde la chasse avec un œil critique, elle commente donc en parfaite connaissance de cause.

Enfin, cet article n’aurait pas été complet sans un apport scientifique. Via un ami (merci Baptiste !) j’ai fait la connaissance de Sébastien, diplômé d’un master 2 en écologie, désormais écologue depuis 7 ans, spécialisé en milieux aquatiques. Il est sorti de sa rivière un moment afin de nous parler un peu des forêts et de ses habitants, merci à lui et mes excuses pour l’avoir bridé dans la longueur de ses réponses. Il était chaud-bouillant pour nous sortir un recueil scientifique. Pour ceux qui se posaient la question, un écologue est un biologiste qui étudie les milieux et les êtres vivants.

-III- LES QUESTIONS AUX INTERVENANTS

0- RAPPEL DE BASE :

comment devient-on chasseur ? Quid de l’examen ? Tout le monde peut-il le devenir ? Quels moyens pour filtrer « les fous » à l’entrée ?

Florian, chasseur, nous présente la chose. Actuellement, l’examen se déroule sur une seule journée, avec des entraînements préalables, à partir de 15 ans. La théorie peut donner un maximum de 10 points (10 questions balayant 4 grands thèmes parmi des centaines de questions à maîtriser). Pour la pratique, on peut avoir 21 points et il n’est pas rare que les examinateurs soient taquins et tendent des pièges pour analyser votre maîtrise de l’arme, des consignes de sécurité. Tout ce qui a trait à la sécurité est éliminatoire en cas d’erreur. Ainsi, si au cours d’une épreuve de balltrap simulée on vous hèle de façon urgente sur le côté, que vous vous retournez avec le fusil en position de tir… éliminé ! Tout ça pour expliquer que, non, le permis ne se donne pas comme dans une pochette surprise il faut être de bonne foi à cet égard. On peut donc obtenir un maximum de 31 points, le minimum requis étant de 25 points (24 = éliminé).

Florian poursuit, concernant l’aspect psychiatrique des candidats en précisant qu’il faut obligatoirement un certificat médical attestant de votre condition physique et psychique à détenir une arme. Le contrôle sera donc aussi ferme que votre médecin sera professionnel. Il estime qu’à ce niveau, ce sont sûrement les cas « lourds » qui sont détectés. Lui, milite pour un permis de chasser à l’allemande, nommé le « bac vert », consistant en une année de cours du soir pour l’obtention. Lors de l’examen pratique, vous devez réussir une épreuve de tir et outre la sécurité, vous devez toucher votre cible mortellement (pas en France). Les prérequis juridiques et naturalistes y sont plus poussés que chez nous et sur le plan éthique cela lui plaît énormément.

Mathias ajoute qu’il a bien bûché pour obtenir son permis, lisant assidûment le livre de l’ONCFS, bien qu’il maîtrisait déjà les armes ayant une solide expérience de tireur sportif. Il a également passé dans la foulée la formation chasse à l’arc, qui est possible en France sous conditions. Il regrette toutefois qu’il n’y ait pas vraiment de filtres à l’entrée, si vous correspondez aux critères légaux (âge, casier…) et que vous pouvez apprendre les règles théoriques et pratiques, vous serez reçu. Il rajoute qu’au-delà du permis, il faut obtenir une validation annuelle de ce dernier, avec une cotisation à régler auprès de la fédération de chasse.

Christophe, conclut avec ironie pour ce qui est des fous, que tout dépend de quel côté de la barrière on se trouve. Sa normalité n’est pas celle d’un « écolo-du-dimanche » comme il peut en croiser en allant sur ses terres qu’il laisse ouvertes au passage, et qui se permettent de lui râler dessus quand il rejoint son verger ou ses bois avec sa voiture, prétextant qu’il leur bloque le passage, qu’il fait fuir les animaux. Oubliant au passage qu’ils sont chez lui, qu’il fait pousser des fruits et laisse ses terres en l’état pour donner un refuge et une nourriture naturelle aux animaux sauvages. Il estime sa normalité toute aussi louable que la leur.

Anne, précise au passage que non seulement elle trouve le système de filtre actuel inefficace voire inexistant, mais qu’en plus l’État a baissé le prix du permis de 50% en 2019, pour augmenter le nombre d’adeptes à un examen déjà fort critiqué, qui rappelle-t-elle, est un permis de tuer. Sa collègue Roz’n indique qu’il y a beaucoup de méconnaissances sur ce permis et les droits qu’il confère et que cela décrédibilise le loisir. Certains chasseurs se sentent dans leur droit car ils ont le permis, comme certains chauffards avec le « permis B » (voiture). Elle déplore l’aspect très court de la préparation à l’examen (1 jour la théorie, 1 jour la pratique, 1 jour l’examen) et l’absence d’une visite médicale lors de la validation annuelle, ainsi que l’absence de stages de remise à niveau. Elle s’interrogeait aussi sur la nécessité de détenir une assurance spécifique, je suis donc allé vérifier et c’est bien une obligation pour sa validation !

1- LOBBY :

on trouve des chasseurs partout : agriculteurs, mairie, Conseils R&D, armureries, boutiques sportives… La chasse, c’est un fait, est une discipline influente et elle pèse lourd économiquement comme politiquement. Cela semble faire peur aux anti-chasses et aux personnes ne pratiquant pas, votre opinion ?

D’emblée, Christophe le reconnaît sans détour. Oui, la chasse est une grosse machine économique et politique, mais cela a pour lui un énorme avantage qui est de la protéger contre ses détracteurs parfois radicaux qui manquent de réflexion, de discernement et de bons sens, allant même jusqu’à des actes illégaux : obstruction à la chasse, intrusion sur terrain privé, destruction de mobilier, actes de vandalisme.

Mathias ajoute que pour lui, la discipline est avant tout un partage de valeurs anciennes, de passion, de communion avec la nature et qui par chez lui permet de tisser un réel lien social. Mais il comprend que cela puisse inquiéter, car selon lui les gens ont hélas souvent peur de ce qu’ils ne connaissent pas.

Florian est plus direct à l’égard de ce lobby. Pour lui, il ne défend clairement pas les chasseurs, mais le chiffre d’affaire des entreprises afférentes à la discipline. Sous cet éclairage, beaucoup de choses qui paraissent immorales font désormais sens, comme par exemple les lâchers de faisans. A sa lecture on comprend donc qu’il existe deux mondes dans la chasse, ceux qui y ont un intérêt et ceux qui pratiquent pour le plaisir de chasser.

Anne, notre globe-trotteuse avisée, souligne que ce lobby est même au parlement européen, chose que l’on sait grâce à un nouveau règlement intérieur (31/01/2019) qui vise une transparence accrue en son sein afin de rétablir la confiance entre les citoyens et les institutions. Pour elle, c’est le même genre de problèmes qu’à rencontrés Nicolas Hulot au gouvernement français et qui aurait démissionné à cause de ces puissants lobbies qui l’empêchaient de mener à bien son programme. Elle nous rappelle également que l’Assemblée Nationale possède un groupe « chasse et territoires » composé de 110 membres, dirigé par des membres influents. Selon elle, de nombreux membres de ce lobby de la chasse contribuent à délégitimer la chasse en promouvant des pratiques barbares et obsolètes au regard des avancées de la culture du vivant, qui confirme que les animaux sont doués de sentience (la sensibilité, la conscience des émotions et de la souffrance, des expériences vécues). Pour elle, il y a urgence à réformer la chasse en s’appuyant sur ce genre de travaux.

Roz’n analyse régulièrement les discours des dirigeants comme Willy Shraen (président de la fédération de chasse) ou de Thierry Costes (lobbyiste pro-chasse). Elle trouve douteuses voire vicieuses leur actions directes envers les gouvernants, où ils expliquent par exemple que sans eux les chasseurs auraient pu intégrer le mouvement des gilets jaunes et retourner le pays. Dans d’autres sphères, on appelle cela une menace. Elle rappelle que les chasseurs sont minoritaires en France (1 million) d’une part ; d’autre part elle a confiance en eux, estimant qu’ils ne sont pas des moutons qui iraient bêtement jouer les cowboys pour semer le désordre. Ensuite, elle poursuit en parlant de cette influence qui a carrément mené la région Occitanie a faire une campagne de promotion pour la chasse au féminin, faisant ainsi une superbe publicité pour la chasse, aux frais du contribuable. Le lobby l’a d’ailleurs bien compris enchérit-elle, la discipline manquait de femmes et a longtemps été accusé de machisme, factuellement avéré par cette absence manifeste.

J’ajoute à titre personnel, qu’en réponse à ces accusations, on voit désormais poindre quelques placements de produits avec des femmes, comme la désormais célèbre Johanna Clermont, fer de lance des marques françaises de la chasse, qui il faut le dire, apporte avec succès une touche de féminité bienvenue à ce hobby très masculin. Ils font d’une pierre deux coups, car elle est également jeune et s’habille de façon très moderne, on voit clairement la volonté de redynamiser un sport où de nombreux pratiquants ont 50-60 ans. Enfin… cela est la volonté de la fédération nationale car dans sa région de chasse, j’ai lu que la plupart des  »acteurs » ne souhaitent pas avoir affaire à elle (le président régional allant même jusqu’à douter qu’elle chasse réellement des animaux).

Pour conclure sur ce lobby, nos militants anti-chasse sont unanimes au sujet du dernier coup d’éclat de son chef de file, le président de la fédération qui dans une interview a poussé loin la provocation, expliquant que les chats domestiques étaient tout aussi destructeur pour le gibier que les chasseurs. Il proposa donc de les tuer au-delà d’une certaine distance de leur domicile [ndlr : en fait il a parlé de « les piéger » dans l’interview en question, sous-entendu cage/vivant]. Disons que cela n’a rien fait pour calmer les poudres et les foudres des groupements de protection animale et des propriétaires d’animaux domestiques. Sachant que, toujours selon nos militants, il se vante régulièrement, avec son collègue lobbyiste, d’avoir l’oreille de l’Élysée, cela ne joue pas en faveur d’un apaisement des tensions, que de souligner son accointance avec l’élite politique, comme un pied-de-nez envers ses détracteurs pour sous-entendre qu’il serait intouchable.

2- ARMES :

Certaines armes ont jusqu’à 3 km de portée, avec une puissance proche d’armes de guerre. Cela est-il vraiment nécessaire ou est-ce juste un effet de mode ? Quelles mesures sont mises en place pour éviter les accidents avec de tels engins ? Comprenez-vous en tant que chasseur que vous puissiez faire peur aux gens non-armés ?

Une partie du problème viendrait des films et des légendes urbaines selon Mathias. Monsieur tout le monde a la vision qu’il a vu et entendu. En réalité, saviez-vous que même une carabine 22 long rifle (22LR) de fête foraine a une portée de 1,2 km, impressionnant ? Voilà pourquoi ajoute-t-il, on nous apprend à tirer en « fichant » (vers le sol) pour éviter tout ricochet ou tierce victime. Ainsi, on comprend que les accidents de chasse sont des non-respects de cette règle pourtant essentielle, raison pour laquelle leurs auteurs sont systématiquement privés de leur permis par la fédération. La puissance de l’arme est dictée par le type de gibier que l’on chasse, poursuit Mathias. Il n’y a aucun intérêt à tirer une grive (oiseau) avec un fusil de battue (pour gros gibier) mais par contre c’est dangereux de chasser un gros gibier avec une arme de faible puissance (l’animal peut blesser quelqu’un s’il n’est pas tué sur le coup). Pour lui, il existe donc un motif sérieux à la présence d’armes plus puissantes, en plus de quoi la puissance ajoute à la précision, ce qui est déterminant quand on tire en montagne par exemple, d’un flanc à l’autre.

Christophe reconnaît facilement que l’arme est l’outil qui contribue à diaboliser le chasseur, mais qu’il s’agit surtout de préjugés et de réflexions de non-initiés aux règles balistiques. Le but premier de l’arme, est de tuer l’animal sans le faire souffrir. Pour lui il est inconcevable de s’acharner à tirer 10 balles de 22LR sur un sanglier, là pour le coup il serait « un affreux sanguinaire sans cœur ». C’est la raison pour laquelle souvent, un chasseur possède 2 ou 3 fusils et non juste un, comme un menuisier possède plusieurs tailles de ciseaux à bois.

Florian nous parle des fusils à longue portée, comme les « snipers ». il nous rappelle que la limitation civile concerne les réglages des organes de visée, 300m maximum, même s’il reconnaît que ces armes ont une portée supérieure. Toutefois, il dit également que les chasseurs ne se risquent pas à recourir à une telle distance, pourquoi ? Tirer à 300m c’est risquer de rater, il y a tellement de paramètres à prendre en compte (hauteurs, distance, vent, réactions de l’animal, respiration du tireur), ou risquer de juste blesser l’animal visé qui s’enfuira et mourra lentement dans son coin, ce qui pour un chasseur consciencieux est l’irrespect le plus total, précise-t-il. En plus, pour lui, tirer à 300m revient à tirer parallèle au sol et donc la balle pourrait bien partir plus loin, ce qui est contre la règle du tir fichant. Il recommande une distance de 50m, qui permet de garantir la sécurité du tir. Il termine sur la chasse à l’arc, qu’il n’apprécie guère car à l’inverse des armes puissantes faites pour asséner une blesse cœur-poumon (mort rapide), avec une flèche il est aisé de rater la mise à mort et cela demande au surplus, beaucoup de talent, un angle de tir idéal, un timing parfait. Si par exemple on vise le ventre de l’animal (tir « de panse ») ce dernier sera capable de courir sur des centaines de mètres, mettant en danger tout être vivant qu’il pourrait croiser dans ce temps. Notre chasseur de l’Est se fait un point d’honneur de rappeler que c’est le devoir de tout chasseur de retrouver sa proie une fois touchée, pour ne pas la laisser agoniser cruellement dans un coin de forêt.

Parmi les personnes en faveur d’une chasse plus rationnelle, Roz’n nous interpelle sur les armes à feu, elle qui est issue de milieux où c’était d’usage. Beaucoup de personnes ont hérité « du fusil de pépé », sans pour autant en avoir l’autorisation, ni la déclaration. Ces armes devraient être déclarées, ou vendues, rendues aux forces de l’ordre ou détruites, c’est rarement le cas. Ce manque de transparence contribue à faire peur, car du coup un chasseur se faisant confisquer son arme déclarée, pourrait continuer de pratiquer avec ce genre d’armes anciennes mais encore mortelles.

Toutefois, l’essentiel du problème lié aux armes, nous raconte-t-elle, est le manque évident de respect des consignes. Elle ne compte plus au sein de sa communauté les signalements, dates, chiffres et vidéos à l’appui, de chasseurs surpris à chasser à moins de 150m des maisons, le fusil non-cassé (quand il peut l’être), la proie pas toujours identifiée puisque de nombreux animaux domestiques sont tués (vaches, chevaux, chiens, chats…) et qu’ils sont parfois pris à chasser en plein brouillard, ce qui ne permet pas de garantir la sécurité et la pertinence des tirs. Enfin, elle attire mon attention sur un article où un coup de fusil a atteint le pignon d’une maison à 2-3m du sol, montrant bien d’une part la proximité du chasseur mais surtout l’angle de tir qui était absolument non-fichant pour monter si haut.

3- DISCIPLINES :

je remarque que beaucoup tolèrent la chasse classique type un chasseur, un fusil, voire un chien, dans une zone sans habitations. Quel est votre avis sur les autres types de chasse (à courre avec une meute de chiens, à la glu, à l’appelant, les battues). Pensez-vous que certaines pratiques soient dépassées ou cruelles ?

On démarre sur les chapeaux de roues (de 4×4 de chasseurs !) avec Florian, qui n’apprécie pas du tout les battues. Il est le premier à reconnaître que ça met un bazar monstre dans la nature, la dizaine de voitures, les traqueurs, les pétarades en rafale, les hurlements, les chiens, l’affolement du gibier traqué pendant des heures parfois. Il précise que tout gibier en mouvement ajoute du danger, que ce soit pour bien viser et le tuer proprement, ou bien lorsqu’on essaye de le tirer, on n’a pas forcément l’œil sur le fond, la scène autour. C’est comme ça qu’on arrive à toucher la mauvaise cible, parfois un humain. Lui aussi, n’apprécie pas de ne pas pouvoir sortir certains week-ends, ou alors de devoir accepter l’ambiance à la « Sarajevo » où on a peur de se prendre une balle. Après, cela permet de diminuer le coût du gibier et donc pour les chasseurs à petits budgets, c’est une bonne occasion de pouvoir tirer (on peut faire valider son permis pour quelques jours seulement, moins cher qu’annuellement). Christophe s’accorde avec lui, estimant que le chasseur doit être le gardien du patrimoine naturel, il doit veiller à un équilibre acceptable de l’écosystème pour protéger tous ses habitants. Il ponctue que oui, beaucoup de pratiques de chasse le font carrément douter de leur intérêt et aimerait bien que cela soit abordé par la fédération, et non par le lobby afférant.

Bizarrement, je dis souvent que je préfère les chasses en un contre un (type arc) où on laisse une chance à l’animal, mais Florian me répond que ce ne sont pas les meilleures forcément. Le levage de gibier est stressant pour l’animal, qui s’enfuit et craint pour sa vie, et si on se rate il part blessé et peut mettre des jours à agoniser, à des kilomètres de la zone du tir. Ce n’est pas souhaitable pour lui. Il nous raconte que seules la chasse à l’affût et à l’approche (chasse silencieuse) permettent de prélever du gibier correctement, au fusil bien sûr. Sachant que la chasse à l’approche ne permet pas toujours les tirs fichants, il le reconnaît également. Mathias, qui pratique la chasse à l’arc, nous précise que l’arc n’est pas si mauvais que cela, si on arrive à s’approcher à une dizaine de mètres d’un animal les chances de le tuer en un coup sont aussi grandes qu’au fusil à une trentaine de mètres. Le vrai problème, sont ceux qui surestiment leur compétence à l’arc et tirent de loin, et là, forcément on stresse l’animal qui s’enfuit comme une furie, on le blesse sans le tuer. Au contraire, Mathias ajoute qu’une fois l’animal touché, il faut s’empresser de le « servir » (l’achever pour éviter des souffrances inutiles) le plus proprement possible. Ensuite, on lui rend hommage et on ne gaspille rien de lui, en signe de respect.

C’est vrai qu’en pensant à cela, j’imagine la scène d’Avatar où on remercie l’animal pour sa viande avant de le tuer. Je ne pense pas que les chasseurs soient tous des amérindiens qui parlent à l’animal en frère, mais cela me fait plaisir de me dire qu’ils ont à cœur de rendre hommage à l’animal qu’ils ont tué. Il y a tout un tas de pratiques (en posant une branche de telle façon etc…) que l’on ne connaît pas bien. Alors oui, pour les anti-chasses c’est trop tard, l’animal est mort cela ne sert à rien de se montrer hypocrites, de leur point de vue. Toutefois, je pense que ces pratiques sont une belle façon de témoigner du respect. C’est bien que de juste balancer la viande dans le pick-up et de partir en riant, notamment.

Par contre, Florian insiste sur l’élevage de chiens (pour la chasse devant soi notamment, à savoir un chasseur, un fusil, un chien), il faut énormément de complicité entre un maître et son chien, le travail réalisé sur chaque animal est immense (arrêt, rapporter, pointage). Il m’explique même que certains chiens sont dressé uniquement pour réagir à des animaux à poils, d’autres à plumes, à tel point qu’ils peuvent carrément ignorer l’autre type même s’il passe sous son nez (d’où le dressage). Un chien mal dressé fera n’importe quoi, ne reviendra pas au sifflet ou à la voix, vous boudera s’il le veut. Forcément, quand on ne connaît pas on voit qu’ils sont parfois dans une cage, un peu minces car on a l’habitude de voir des chiens domestiques un peu en chair qui manquent d’exercice. La réalité du terrain n’est pas toujours celle d’une vidéo de vingt secondes, surtout au moment des repas ou des départs où il faut bien canaliser les chiens quelques minutes le temps de les calmer, pour les déplacer ou les nourrir, ce qui explique les cages par exemple.

Nos camarades anti-chasses ont également leur mot à dire ! Aussi débutons avec Roz’n qui m’apprends au passage l’existence de « vénerie sous terre », l’art d’aller débusquer les animaux dans leurs terriers, souvent de manière assez violente en faisant s’écrouler la tanière (en sautant dessus) ou en lâchant des petits chiens dans les tunnels, où les animaux acculés, se font déchiqueter assez salement. On est loin de l’image propre et respectueuse d’un coup de fusil que l’animal n’a pas vu venir, encore en train de brouter une seconde avant, en liberté. Pour la chasse à courre, elle nous explique que, en lien avec un reportage qu’elle a vu sur BFM, l’animal traqué (un cerf) est donné aux chiens en fin de journée, donc il ne serait même pas consommé. On est là clairement dans un sport, un loisir purement et simplement sans nécessité ou volonté de se nourrir.

Anne questionne, où est la limite entre le plaisir et la cruauté envers un animal et aimerait que l’article 521-1 du code pénal relatif aux animaux domestiques, soit étendu aux animaux sauvages. Cela offrirait une base légale et mettrait enfin une pression sur les chasseurs pour aller à l’essentiel, sans tourmenter l’animal pendant toute une après-midi, voire parfois une journée entière. Elle explique que selon un sondage de la CVN (Convention Vie et Nature pour une écologie radicale), 90% des sondés seraient pour une protection animale incluant les animaux sauvages. Ce qui l’interpelle le plus, ce sont les récits de chasse où elle entend parler d’instruments qui écrasent, d’autres qui étranglent, épuisent, collent sur place, enferment, attachent pour appâter, sans parler des méthodes pour tuer où on lui raconte l’utilisation de pinces, de coups de bâton, de coups de pied, de lâcher les chiens dessus, ou d’animaux capturés pour entraîner les chiens de chasse.

Concernant la chasse à la glu, Roz’n trouve cela peu glorieux, capturer un oiseau et le laisser prisonnier toute une journée pour attirer ses semblables et tous les tuer au final, alors que nos oiseaux disparaissent depuis plusieurs années maintenant des campagnes (pesticides, disparition des insectes et des habitats). Pourquoi ne pas opter pour un leurre, propose-t-elle ? Au sujet des battues elle vous propose de fermer les yeux et d’imaginer 30 chasseurs, donc 30 fusils, une cinquantaine de chiens, dans une forêt souvent délimitée par des routes avec barrières, poursuivant un sanglier sur une à deux heures. C’est terrible, pour elle. Imaginez-vous en balade familiale à ce moment là, pour montrer la flore d’automne à vos enfants. Que faire ? Se cacher ? Mais si on remue dans un buisson ne devenons-nous pas éligible à un tir hasardeux ? S’enfuir ? Et montrer aux enfants qu’ils doivent avoir peur en forêt ? Elle aimerait sincèrement que le fait de payer un permis de chasser ne donne pas autant de droits en contrepartie.

Enfin, Brigitte également, pourtant farouche opposante à la chasse, admet que si c’était juste le chasseur qui part avec son fusil et son chien, il n’y aurait pas tant d’émoi. Comme je le pensais au début de l’écriture de l’article, beaucoup d’anti-chasses sont surtout en réalité des pro-animaux et ont en horreur les récits décrivant ce que les animaux ont pu endurer.

4- COMPORTEMENT :

en parcourant les groupes contre la chasse, je constate que beaucoup, au delà du fait de tuer, se plaignent surtout du comportement de certains chasseurs (rentrent chez les gens, les menacent s’ils râlent, tirent à proximité des maisons, écrasent la végétation ou laissent des « souvenirs » de leur passage (bouteilles, pic-nic…)). Mais est-ce vraiment ainsi ou bien est-ce l’arbre qui tombe qui fait plus de bruit que la forêt qui pousse ?

Anne répond simplement : il suffit de lire les faits divers pour trouver régulièrement des dérives de la chasse et constater les faibles peines encourues pour avoir tué des animaux domestiques, ou même des humains. Elle estime que la justice est partiale avec les chasseurs qui bénéficient d’une bonne presse auprès d’elle. Brigitte à son tour, m’explique que par chez elle certains gendarmes sont eux-mêmes chasseurs, ce qui est leur droit strict bien sûr, mais que parfois ils ne semblent pas savoir où placer leur loyauté lorsque leurs collègues chasseurs se voient reprocher des faits litigieux (tir près des habitations, violation de propriété privée).

J’ai demandé à mon entourage de gendarmes, je n’ai pas trouvé de gendarme-chasseur à interpeller sur la question. Sur les groupes anti-chasses j’ai souvent lu que la réponse qui leur fut faite était de clôturer leur terrain pour éviter que les chasseurs n’y pénètrent. Mais pas toujours évident à réaliser, matériellement, financièrement, ou tout simplement encore faut-il avoir envie de le clôturer, ce qui limitera forcément la vie de la faune sur votre terrain ou votre simplicité d’accès.

Roz’n commente sur son expérience personnelle. Elle habite à 200m d’une autoroute et estime qu’ils n’ont pas le droit de venir tirer dans ce coin là (entre les maisons et la route la distance de sécurité n’est pas jouable). Après vérification, il semblerait que l’article L422-10 1°) du code de l’environnement ne restreigne pas leur droit à chasser si proche d’une autoroute (ACCA ou non) mais par contre ils n’ont pas le droit de tirer « en direction de ». Toujours est-il qu’elle s’inquiète à chaque fois pour sa fille à la maison, quand elle, part travailler. Vont-ils rentrer dans le jardin comme c’est arrivé plus d’une fois ? Vont-ils laisser leurs chiens attaquer les poules et les lapins comme c’est arrivé chez un voisin ? Si elle ose se promener à ces moments là, les chiens lui sautent dessus et lui tournent autour, personne ne les rappelle, personne ne s’excuse, les chasseurs discutent derrière leurs voitures ou prennent l’apéritif et ne s’y intéressent pas, se souvient-elle. Elle nous raconte également le cas d’une cabane de chasse avec trophées empaillés en devanture, bâtie sans autorisation, qui restera là bien des années, quand un agriculteur du même coin a construit un petit cabanon pour le foin de ses vaches il fut immédiatement sommé de le démonter. Elle dénonce cet aspect « deux poids, deux mesures » et souligne son lien avec le nombre de chasseurs et leur présence à tous les plans.

Dans notre équipe de chasseurs, ils ont du mal à cautionner ces comportements, qu’ils dénoncent également. Florian par exemple, rappelle que chaque mode de chasse a sa propre culture et en plus, chaque région a ses petites traditions, ou des familles célèbres qui influencent la pratique et font perdurer les valeurs. Ce serait bien si tous étaient irréprochables, certainement. Mais… Il souligne toutefois qu’en Moselle les chasseurs « silencieux » sont majoritairement courtois, comme avec la chasse « devant soi ». Par contre, il a essayé les battues à de nombreuses occasion et souvent les expériences furent mauvaises. Le fait d’être autant au même endroit impact forcément l’environnement, les animaux, même les espèces protégées sont impactées, c’est évident. Il dénonce la ligne de conduite du national qui exige que les chasseurs fassent bloc, même avec les chasses cruelles, « même avec les gros beaufs » signe-t-il. Si l’on prétend redorer l’image d’une chasse noble et belle, il va falloir faire un sérieux ménage dans « nos » rangs, termine Florian.

Mathias parle de sa région, de ce qu’il connaît. Pour lui dans le Gers, on chasse beaucoup sur « nos terres, nos legs » et les chasseurs qu’il fréquente y ont un comportement « très propre et sain ». Lorsqu’il trouve une cartouche sur une zone de tir, elle est souvent ancienne et est ramassée aussitôt, en râlant sur les anciens. Il ne nie pas qu’il existe « des cons et des malpropres » sans aucun doute, mais il aimerait qu’on arrête de dire que c’est une majorité. Il explique que, pas qu’en période de chasse, il pratique souvent la nature et est le premier à apprécier de la trouver belle et neutre de présence humaine. Par contre, à cette occasion, il attire mon attention sur les promeneurs ou les cueilleurs de champignon, dont on ne parle pas, et qui laissent une empreinte forte sur la forêt (déchets ou prélèvements inconsidérés). Concernant les habitations, il est intransigeant, chasser vers ou près d’habitations est bien une chose qui l’énerve. Il a des enfants et leur apprend à ne pas s’approcher des chasseurs sans être bien visible et vu, à découvert, dès le plus jeune âge. Christophe est un peu plus sceptique à cet égard, comme tout le monde il a entendu parler de tels débordements, mais explique qu’il n’en a jamais vu dans son entourage de chasseurs.

Je suppose que c’est un peu comme les supporters sportifs. Certains se battent tous les week-ends et finissent au poste, d’autres se battent et finissent au bar bras dessus-dessous, d’autres se chambrent en lançant des chants un peu provocateurs et répondent par d’autre chants. Je comprends à mesure que j’avance sur cet article, qu’on a tort de mettre tous les chasseurs dans le même panier, comme si tous les hommes ou femmes de France étaient tous identiques. On oublie qu’à la base se sont des êtres humains et qu’ils ont comme tous, leur force et leur faiblesse. Au même titre qu’on ne doit pas mettre tous les « anti-chasses » dans le panier des « fous extrémistes bobo végan ».

5- COHABITATION :

il semble que les chasseurs en France ont des droits sur nos forêts que les non-chasseurs n’ont pas. Ils peuvent s’y promener armés, certains jours des bouts de forêts sont privatisés pour des battues, ils peuvent aller sur un terrain privé s’il n’est pas volontairement retiré du territoire de chasse. Selon vous, la cohabitation est-elle possible entre les randonneurs (chiens, enfants, VTT…) et les chasseurs ?

Roz’n dénonce de son côté de graves incompréhensions dans les autorisations de chasser. Elle détaille longuement que souvent les chasseurs se trompent de jour, car certains arrêtés préfectoraux mentionne un jour précis pour telle chasse, un autre jour pour une autre chasse. Ils s’emmêlent et cela lui donne l’impression que ce n’est pas franchement clair, du coup pour eux les riverains qui essaient de « passer entre les jours comme on passe entre les balles » comment s’y retrouver, même en acceptant la cohabitation ? Elle met en cause les préfectures et demande une simplification des textes et une clarification des propos, parfois volontairement flous selon elle.

Christophe et Mathias reconnaissent que le sujet est épineux et que nous sommes tous légitimes à pratiquer la nature, la forêt. Pourtant ils précisent un point qui semble négligé dans les débats pro-anti. Les chasseurs ont des « droits de chasse » (pas « un droit à chasser, c’est différent), c’est à dire qu’ils payent un droit d’exploitation en quelque sorte, un droit pour tel animal par exemple comme une taxe. S’ils sont agriculteurs et que le gibier abîment leur parcelle, ils payent deux fois, ironise-t-il. Cela pour eux, légitimiste les avantages dont se prévalent les chasseurs. En face, les promeneurs se prémunissent de droits à pratiquer la nature également, sans rien débourser, afin de promener leurs chiens ou pour les VTTistes enchaîner les sensations fortes dans les chemins. Christophe s’interroge, pourquoi ne leur demande-t-on pas de former des association ou une fédération, comme pour la chasse, pour s’acheter des terrains privés et y pratiquer leur sport, comme c’est le cas pour le tennis ou la moto ? Il plaisante mais avec un fond de vérité : on ne joue pas au foot sur une prairie destinée à nourrir le bétail, si ? Finalement, il souligne le décalage dans notre société entre l’État qui valide le processus en prélevant une taxe au passage et les citoyens qui insultent ou méjugent les chasseurs lorsqu’ils pratiquent leur discipline, pourtant légale.

Mathias soulève qu’à chaque fois qu’il croise un VTT ou un promeneur, l’info circule rapidement dans les rangs et il faut décharger son arme aussitôt, il précise qu’il dit toujours bonjour avec sourire, comprenant bien que tout le monde n’est pas pro-chasse, il fait l’effort. Pour lui, vu comme cela se passe bien dans sa pratique, il juge tout fait possible une entente si tout le monde y met du sien, mais cela ne doit pas venir QUE des chasseurs bien entendu. Il nous rappelle aussi que souvent les battues sont sollicitées par les paysans suite à des dégâts, ou par la préfecture suite à des rapports de présence dangereuse de gibier.

Florian, prêche astucieusement pour sa paroisse, la chasse à l’affût. Il raconte qu’il est rare que ces chasseurs dérangent, car ils sont immobiles, souvent perchés, on ne les croise pas, ils restent longtemps au même endroit, souvent il entend passer des promeneurs qui ne l’aperçoivent pas. Forcément, ainsi perchés, leurs tirs sont fichants donc peu dangereux pour autrui. Une fois que vous avez tiré, si c’est manqué, l’animal peut s’enfuir on ne lui coure pas après (moins de risque de tirer dans tous les sens). Étant posé, souvent à la jumelle ou à la lunette, on prend le temps d’observer l’animal avant de tirer. C’est moins stressant pour tous ! Ce chasseur avisé nous met en garde toutefois, même à l’affût les tirs peuvent ricocher (terre gelée, pierre…) et même sur l’eau selon l’angle, la balle peut ricocher. Par contre, il met en cause les chasses qui impliquent des tirs « au pif », comme les palombières, les sangliers en batture, qui sont anxiogène et accidentogène. Dans ces contextes précis, la cohabitation lui semble difficile, ce n’est pas pour rien qu’en Allemagne la chasse est interdite le dimanche par exemple, cela clôt les débats sur le partage là-bas. Il suggère la même chose en France, ce qu’il trouve encore très généreux quand on sait qu’il y 20 millions de pratiquants de la forêt non-chasseurs, contre 1 million de chasseurs (sans compter le quart qui ne chasse plus vraiment car trop âgé, souligne Florian).

Anne est bien documentée et souhaite exprimer la peur légitime que peuvent avoir les promeneurs envers les chasseurs. Elle en a souvent croisé de nuit alors que cela n’est pas légal, elle dénonce l’utilisation massive des chiens, dressés pour tuer, que l’on retrouve parfois seuls, perdus, affamés après des jours à tourner en rond. Elle en a autant peur qu’elle en a pitié. Elle me renvoie à l’affaire des « galgos » pour en apprendre plus. Pour elle, dans l’affaire Pilarski notamment, elle estime qu’il ne faut pas être dupe, les circonstances étaient vraiment en défaveur des chasseurs, les analyses aussi, et pourtant le constat fut d’accuser le chien personnel de la victime, qui accusé, sera abattu sous peu. Elle rappelle qu’en 20 ans ce sont près de 2800 accidents qui ont été recensés (410 morts). Même dans les parcs nationaux il existe des dérogations pour chasser, elle tranche durement : il n’y a plus d’espaces protégés contre la chasse. Pourtant elle est catégorique, les français doivent pouvoir se promener en toute sécurité dans la nature, ce qu’il faut protéger en priorité c’est l’humain et non la chasse.

Je rebondis sur ces statistiques que je découvre pendant l’article. Je vois dans mon secteur professionnel de la survie, il y a malheureusement eu un mort récemment, en un peu plus de 20 ans de pratique. La semaine suivante, une première pétition a vu le jour, des organismes se sont créés dans la profession, des ministres ont été interpellés sur l’affaire, les médias ont envahi internet d’articles « il faut encadrer la survie », en dix jours c’était affiché partout. Pour la chasse, c’est vrai qu’après 2800 morts en 20 ans, on est en droit de se demander ce qui a été mis en place pour empêcher ces morts.

La cohabitation ne semble pas envisageable pour Roz’n. Les chasseurs ont -sous conditions certes- le droit de pénétrer sur des terrains privés non-clôturés et souvent cela ne les arrête pas, combien de fois les a-t-elle vu enjamber ou affaisser une clôture, au mépris de leur propriétaire. Un voisin agriculteur lui confirme qu’il retrouve régulièrement ses barrières ouvertes, tant pis si le bétail se fait la malle !

Pour conclure sur cette question, je donne la parole à notre paisible mais déterminée Brigitte, qui nous dit qu’elle souhaiterait confier la gestion des forêts non pas aux fédérations de chasse mais plutôt à des scientifiques de la biodiversité, qui délimiteraient les temps et zones précis de chasse. Ainsi, un tel arbitrage mettrait les compteurs à zéro et créerait une limite claire dans les droits des pro comme des anti.

6- CONTRÔLE :

la chasse se pratique dans des zones éloignées, logique puisqu’on cherche des animaux sauvages. Dans ces conditions, comment le contrôle du respect des bonnes pratiques et de la réglementation, est-il possible ? Par exemple : l’alcoolémie, la façon de tuer les animaux, le nombre d’animaux attrapés, les espèces tuées, les accidents etc…

Nos trois chasseurs le disent bien, ce sont surtout les lois qui encadrent la chasse, il n’y a pas franchement de contrôles sur place. Comment voulez-vous contrôler 1 million, même 500 000 chasseurs, avec cinquante fois moins d’agents de l’ONF, ONCFS, OFB. La semaine passée j’ai vu dans le Ouest France qu’une grande opération nationale de contrôle des chasseurs a été orchestrée par les gendarmes. On voyait bien que c’était exceptionnel, en réponse aux plaintes contre les chasseurs qui, sous couvert du confinement, étaient accusés de faire n’importe quoi. Dans le 22 ou le 35, aucune infraction n’a été constatée ce jour là, pour être honnête. Ainsi, les lois servent après-coup forcément, une fois l’accident survenu, pour arbitrer le litige.

Florian me cite le cas d’une chasse à courre où les chasseurs étaient réputés pour arpenter la forêt en 4×4, suivant la meute au GPS et remplaçant les chiens au fur et à mesure qu’ils étaient fatigués, grâce à la remorque accrochée derrière. Quand l’animal traqué était aux abois (il arrête de courir) les braves chasseurs sortaient du véhicule pour tirer le coup de grâce… Informés de la chose, un jour les gendarmes sont intervenus en nombre (30 agents plus un hélicoptère). Mais je suppose que sans le soutien de militants (et riverains) ayant orienté les forces de l’ordre, cela aurait perduré longuement. Ces bénévoles semblent donc avoir une fonction de contrôle, qu’ils en soient conscients ou non, que les chasseurs soient d’accord ou non.

Mathias réagit sur les contrôles, qui sont du ressort de tous. Si dans un groupe on commence à tolérer par exemple de ne pas décharger son arme en passant un fossé comme c’est l’usage, où arrêtons-nous les aménagements sur la sécurité ? Par contre, il précise que s’il est complexe de contrôler pendant la chasse, on sait bien où trouver les voitures, il suffit d’attendre le retour en fin de journée et pour les espèces concernées, compter le nombre tué qui est limité par chasseur. Il existe pour cela des gardes-chasse privés et d’état qui sont certes peu nombreux, mais qui connaissent parfaitement le territoire qu’ils encadrent. Christophe déplace le débat vers les autres pratiques, qui va vérifier les autres excès d’autres activités ou individus ? Pour lui ce n’est pas juste un problème sur la chasse, mais de société dans son ensemble. C’est aussi une question de principe, cela coule de source pour lui que dans l’ensemble les chasseurs sont conscients de leur réputation et agissent de manière à faire le moins de vagues possibles.

Du côté « pro-animaux », Brigitte donne des éléments de solution. Il faut que le permis de chasse devienne une valeur sûre, une chose si bien encadrée qu’elle ne fasse plus débat. Cela commence par augmenter son prix afin de doter les centres d’examen de meilleures conditions (plus de jours de préparation, un examen plus longs et plus abouti). Elle suggère de se détacher des fédérations de chasse pour l’examen, de le faire passer par des entités indépendantes et de mieux contrôler la santé physique et psychique. Elle suggère de donner des cours et non de simples fiches, sur les espèces menacées, le comportement animalier, la sécurité des armes. Un peu comme le permis de conduire, je suppose, avec des leçons, des moniteurs compétents. Elle aimerait vraiment entendre d’avantages d’histoires de contrôles d’alcoolémie ou de stupéfiants et sentir que les chasseurs prennent la chose au sérieux, comme avant de conduire par exemple.

Anne, qui est dans l’analyse plutôt que dans la critique facile, soulève qu’il n’existe pas de loi relative au taux d’alcoolémie d’un chasseur, qui tient pourtant entre ses mains un objet de mort. C’est seulement en cas d’accident qu’on utilisera son taux d’alcoolémie comme possible circonstance aggravante. Pour elle, c’est impensable, il faut y remédier rapidement. J’ai constaté que cela faisait déjà partie des questions débattues à l’Assemblée Nationale. Je vois mal comment le lobby de la chasse pourrait s’y opposer, tellement cela coule de sens. Elle ajoute qu’aucun contrôle du bon état des armes n’existe, alors que pour les voitures par exemple, bien moins mortelle qu’une arme à feu, il faut la faire réviser tous les deux ans, sous couvert de ne plus pouvoir s’en servir. Pourquoi ne pas solliciter les armuriers régionaux qui se feraient un plaisir d’accueillir ce nouveau rôle, contre une petite somme vue à l’avance avec la fédération de chasse (5-10-15€ le contrôle…).

Enfin, elle pose la question, les contrôles sur la pratique de la chasse vont-ils réellement évoluer ? Quand on sait que de nombreux députés chassent, que le lobby a ses entrées à Matignon, à l’Élysée, ils peuvent très bien faire pression pour que les choses se figent plusieurs années, en attendant que la pression populaire s’atténue sur ces sujets. Elle prend pour preuve les condamnations régulières dont écopent les auteurs d’accidents de chasse, estimant qu’ils ont souvent du sursis et des amendes faibles devant la perte d’un proche, pour la famille de la victime.

En terme de contrôle ou de limitation, Roz’n propose que le nombre de permis soit relatif à des critères rationnels. La superficie du département, le nombre d’habitants, la surface agricole utile et celle cultivée. On pourrait ainsi adapter le nombre de chasseurs à un taux estimé de gibier. S’il ne faut que 100 chasseurs dans le département car la science des statistiques l’a décidé ainsi, au moins ils auront tous de quoi faire, tout en évitant la sur-chasse ou une présence trop importante, voire gênante. Elle relance la thématique des droits des non-chasseurs. Parfois les gendarmes viennent, parfois non, parfois ils sont occupés ailleurs et ne jugent pas urgents ce genre de litiges. Elle sous-entend que dans les zones rurales où tout le monde se connaît, ils n’ont pas forcément intérêt à rentrer sur « ce terrain » avec les chasseurs, car tout finit par se savoir.

7- REGULATION :

j’ai souvent vu des chasseurs expliquer que leurs activités avait un rôle régulateur des espèces invasives ou des maladies animalières (cynégétique). Au regard des données ou des faits scientifiques, est-ce vrai ? La nature ne sait-elle pas se réguler seule ?

Voyons d’abord ce qu’ont répondu nos chasseurs. Je vais devoir synthétiser car ils ont chacun eu à cœur d’expliciter leur réponse à ce sujet, c’est un peu le fondement de la chasse et tant que mouvement écologiste. Florian explique qu’il faudrait une grande étude nationale, par espèce, par milieu, en tenant compte de son degré de cohabitation avec les affaires humaines (industries…), pour vraiment savoir ce qu’il en est dans le détail. Il nous explique que les milieux naturels en France sont très anthropisés. Cela veut dire qu’à un moment donné, ils ont tous servi à produire quelque chose pour les humains. Exit les vrais milieux sauvages en France. Dans ce contexte, les mécanismes naturels d’autorégulation ne sont plus envisageables, ces milieux ont été trop perturbés par notre présence.

Autre argument qu’il me donne, que j’ai souvent croisé lors de la préparation de mes modules sur les écosystèmes pour les scolaires, les interdépendances. Imaginons qu’on laisse la population de cerfs exploser par exemple, car les militants écologistes disent qu’il ne faut plus toucher aux animaux. Au niveau humain, sous une année, les dégâts qu’ils occasionnent aux arbres seront excessivement importants, les sylviculteurs, maraîchers, pépiniéristes montraient au créneau pour se plaindre d’être abandonnés à leur sort, de n’avoir aucun recours face aux animaux. Au niveau animalier, une trop grande population d’une espèce dominante (le cerf est un ongulé majeur dans son environnement) causera une disparition progressive de sa nourriture prioritaire (l’herbe, les jeunes pousses, les feuilles). L’impossibilité relative de migrations en France, du fait de la présence humaine systématique, causera une hécatombe de cervidés (jusqu’à 2/3 de le population d’une région).

Cela tient de l’interdépendance qui existe entre un animal et son alimentation et bien sûr à l’envers, entre les végétaux et leurs « prédateurs » herbivores. La famine est une méthode de sélection naturelle qu’a inventé notre écosystème pour auto-réguler les populations, en l’absence de prédateurs. Mais cela arriverait quand même en présence de régulateurs. Voici un petit document technique issu de cahiers cynégétiques scientifiques dont je me sers avec les scolaires. Ce qu’il explique, ce sont deux relations d’interdépendances, entre trois entités. D’une part en vert, les herbivores, dont la population augmente à mesure que la nourriture est à profusion. Le haut de pic correspond au maximum d’individus possibles dans une zone donnée, qui aboutira à la disparation de la ressource en nourriture, donc à une violence famine qui en quelques mois décimera l’espèce visée. D’autre part en rouge, les carnivores, dont la population augmente également à mesure que leur nourriture (en vert) augmente. Pourtant, ils sont totalement dépendants de la ressource en herbe, qu’ils ne mangent pourtant pas. Lorsque leur proie diminue en nombre, ils connaissent également une auto-régulation par la famine. En l’absence de ligne rouge, on comprend que la montée en flèche des lignes vertes seraient encore plus dramatiques, l’avènement des famines (et au passage la destruction totale de végétaux dans les zones habitées) serait encore plus violent et les populations d’herbivores connaîtraient des pertes allant de 140 individus à 20 ou 40. Bien sûr dans mon exemple français, les chasseurs deviennent la ligne rouge et à l’aide des mathématiques (comptage des espèces) ils tentent d’amortir les montées et descentes des courbes vertes.

Pourtant, la science n’explique pas toutes les surpopulations. Florian ajoute que certaines surpopulations sont organisées par les chasseurs eux-mêmes. Beaucoup ont des consignes de ne pas tirer les femelles, car une femelle pleine peut donner plusieurs petits et donc faire proliférer l’espèce. Pour comprendre, un peu de mathématiques. Sachant qu’une laie peut avoir entre 6 et 10 petits par an, cela fait 60-100 nouveaux sangliers par année dans la harde. L’année suivante, même si 1/3 des bébés meurt, il reste 40-70 sangliers, si la moitié seulement sont des femelles, cela amènera 240-420 nouveaux sangliers, sans oublier les 60-100 des vieilles femelles de l’année précédente, soit 300-500 sangliers au total. En pratique, pour le Finistère en 2018, il fut prélevé 680 sangliers. Admettons que ce chiffre soit proche de la population totale du 29 (à peine ½ en réalité), cela donnerait 390 femelles à l’échelle du 29. Cela donne 2340-3900 nouveaux sangliers chaque année. Mais à cela il faut ajouter les lapins, les cerfs, les chevreuils, les renards, les blaireaux… Je ne dis pas que cela justifie à lui seul la chasse, mais je comprends que ces chiffres terrorisent les agriculteurs et les autorités publiques. Bref, si je commence à donner mon avis, l’article ne se finira jamais ! Retournons à nos intervenants !

Florian, toujours lui car il est plein de choses à dire sur le sujet ! Nous parle du cas du renard, qui a été classé comme nuisible pour être chassé toute l’année. Pour lui c’est une excuse vraiment mal dissimulée, pour pouvoir chasser toute l’année, point. L’argument consistant à dire que c’est pour protéger la « petite faune » est bancal car il a été prouvé, nous dit-il, que la destruction des habitats et les pratiques agricoles massives sont largement plus en cause ici, que le renard. Il cite l’exemple de l’Angleterre dans les années 80 qui, suite à une épidémie de galle virulente, a ordonné l’extermination jour et nuit du petit rouquin dans les zones concernées. Sauf que… cet fut un échec, car la fertilité du renard dépend de la nourriture et de l’espace disponibles. De plus, tout territoire vidé de son occupant, sera rapidement réinvesti par une nouvelle famille de renard. La nature est bien faite ! Je sais que cela fera plaisir à entendre pour nos « anti-chasses ».

Dans le cadre de cette activité de régulation, il nous parle finalement des examens sanitaires sur la venaison pour détecter les zoonoses (maladies animales transmissibles à l’homme… comme un certain virus !). On sait par exemple que le cerf est un réservoir pour la tuberculose ! Mais cela est en théorie, car en pratique il a constaté de vilaines choses. Par exemple, un chasseur qui constate telle maladie sera souvent tenté de ne pas le signaler, pour éviter un abattage en masse dans la zone ou une interdiction de chasser, afin de préserver son gibier. Récemment encore, il a assisté à la découverte d’un cadavre de sanglier, mort de manière très suspecte d’une forme de peste porcine. L’ordre a aussitôt été donné de fermer sa « housse de fusil », pour le dire poliment. Attention, je ne dis pas que c’est une généralité, mais que quelqu’un a pu témoigné que cela a été fait.

Christophe me rappelle qu’il ne piège que les espèces nuisibles et qu’il le fait le moins possible, mais il s’interroge aussi de temps à autre sur ce rôle de régulateur. Avec son franc-parler, ce qu’il aimerait que les anti-chasses comprennent, c’est que les pâtes qu’ils ont dans l’assiette viennent de blé cultivé dans nos champs français. Cela faisant, ces champs pour mener leur récolte à bien, ont du être protégés contre les espèces qui mangent ou se frayent un passage dévastateur dans, le blé. Même si les anti ne sont pas pour que pour cette démarche soit assurée par des chasseurs, il faut que la tâche soit faite nous explique-t-il.

Enfin, côté chasseur, Mathias fait apparaître que la ligne de conduite des espèces à prélever (à tuer) est définie par le plan de chasse national ou régional, selon des critères de nombre, de sexe, de maladie, de proximité à l’humain. Ce que l’on ne sait pas, dit-il, c’est que les taxes que payent les chasseurs pour pouvoir tuer un cerf, un sanglier, un lapin… servent à co-financer un fond de solidarité pour les éleveurs ou agriculteurs français. En 2020 ils ont réuni 2 000 000 euros pour les dégâts du gros gibier et 1000 000 euros pour le petit gibier (lapin, rat musqué…). Donc si malgré la mise en place de ces taux de régulation, le gibier fait quand même des dégâts dans une région, les agriculteurs ont un recours supplémentaire pour se faire indemniser. Si le montant n’est pas suffisant, la fédération départementale prend à sa charge le surplus. C’est aussi une raison pour laquelle, si bien que soit ce système, tant qu’il existera elles ne pourront accepter de chasser moins, puisque cela impliquerait pour elles des dépenses énormes, imprévues et imprévisibles.

Côté anti-chasse, Anne s’indigne de cet argument. Pour elle, ce sont les chasseurs qui créent la dérégulation, ils ne la solutionnent pas, dit-elle en pensant aux élevages. Avec l’arrivée des smartphones bon marchés, il n’est plus possible de les cacher aux yeux du public. Elle y a constaté des pratiques peu glorieuses comme de lester de plomb une patte des canards ou des faisans pour les empêcher de s’envoler, ou encore la promiscuité dans les cages, les uns sur les autres. Elle soulève aussi le problème de l’agrainage, que nous verrons juste après, puis des invasions de rongeurs qui détruisent les cultures ou les réserves, en soulignant qu’en parallèle on extermine les renards. Pour elle, le bilan de la chasse comme régulateur est clairement défavorable, voir mensonger.

A son soutien, Brigitte ajoute que ces pratiques peu glorieuses nuisent très fortement à l’argument de régulation. Comment peut-on se prévaloir d’être le premier écologiste de France d’une part, et agrainer, élever en cage, nourrir en forêt d’un autre côté. Pour elle c’est simplement l’assouvissement d’un désir pervers de tuer et non d’être dans la nature pour la respecter, ainsi qu’une volonté de justifier légalement ce désir en se faisant passer comme indispensable. Elle estime que les animaux peuvent se réguler elle-même en limitant leur naissance si la nourriture vient à manquer.

Roz’n dénonce quant à elle, une chasse « plaisir » ou une chasse « passion » et plus du tout vivrière. Ce n’est pas parce qu’on se dit passionné qu’on est forcément exemplaire ou bon dans ce qu’on fait. Historiquement, le chasseur entreprenait des missions de régulation pour le compte des agriculteurs, demandeurs. A l’époque, on ne se souciait pas des dégâts que cela occasionnerait. Elle estime que ce faisant ils ont brisé les maillons essentiels de la chaîne alimentaire, notamment en s’acharnant sur les loups, les ours, les renards, ce qui occasionne des dérèglements et des surpopulations. Plus que les chasseurs, c’est la sur-représentation humaine dans les milieux naturels qu’elle dénonce. Nous avons bâti dans les viviers naturels de ces animaux qui désormais ne savent plus où se mettre, on a mis la terre à nue avec la mécanisation agraire, on a déformé les paysages en brisant l’évacuation naturelle des eaux, autrefois retenue par la végétation. On assiste désormais à des inondations d’une violence inédite dans certains endroits, on en connaît la cause.

Ce qu’elle propose, si les chasseurs veulent vraiment se prévaloir d’une chasse régulatrice, ce serait de distribuer de la nourriture contraceptive pour les laies ou les biches, endormir les mâles pour procéder à des castrations, tuer les animaux pendant leur sommeil, pratiquer l’effarouchement pour éloigner les animaux des cultures, ramener les haies d’épineux autour des champs pour en protéger naturellement les cultures, placer des clôtures électriques peu coûteuses. Au lieu de dépenser de l’argent en remboursement, tenter d’agir sur leur cause directement pour les empêcher.

Je pense en réalité qu’ils ont tous raison. Les anti-chasses regardent juste à un temps précédent notre époque moderne, au début de siècle où on pratiquait la battue aux loups, la chasse à l’ours, en insistant sur le fait qu’on a déréglé la nature. Les chasseurs regardent le résultat de cette époque et en tirent les conséquences. Les faits sont là, sans avoir à choisir de camp, nous avons (je ne pense pas que la responsabilité incombe seulement aux chasseurs, qui à l’époque comme maintenant, font ce qu’on leur demande ou qui leur est permis) génocidé les grands prédateurs européens et maintenant leurs proies pullulent dans une insouciance incroyable et n’ont plus aucun prédateur si ce ne sont les dangers habituels de tomber dans un ravin, se briser une patte, être trop faible pour se lever, manquer de nourriture. A moins de procéder à un remaniement des agences gouvernementales dans le domaine environnemental, pour les doter d’un budget tel qu’elles pourraient abattre elles-mêmes ou procéder à des campagnes contraceptives sur la faune trop abondante, je ne vois pas matériellement comment on pourra protéger nos cultures de ces animaux.

Mais encore une fois, je ne suis qu’un humble moniteur de bushcraft et de survie. Puisque tout le monde se réfugie derrière la science pour donner des arguments qui s’opposent, demandons-lui un peu, à la science, ce qu’elle en pense ! Je frotte une corne de brocard contre un saule pleureur afin d’invoquer le génie de l’eau, Sébastien !

La réponse scientifique au débat sur la chasse-régulation :

Salut Sébastien ! Merci de ta patience tout d’abord, peux-tu nous expliquer avant tout l’interaction entre le gibier et son prédateur, et ensuite traiter la question de l’argument chasse = régulation ?

« Pour répondre à cette question il faut d’abord bien comprendre la notion d’écosystème, qui est en simplifiant un ensemble composé d’un milieu de vie et des organismes qui y vivent et qui donc interagissent entre eux. Cet écosystème est normalement avec le temps à l’équilibre, ce qui ne veut pas dire qu’il est figé, au contraire à l’intérieur de celui-ci les organismes évoluent ensemble. Notamment les proies et leur prédateur qui vont jouer « au jeu du chat et de la souris ». En bref, la proie va évoluer, trouver une stratégie pour ne pas se faire manger et le prédateur va s’adapter pour contrer ça. Ceux qui arriveront à trouver une nouvelle stratégie de défense ou ceux qui trouveront la solution à celle-ci auront plus de chance de survivre et donc d’avoir une descendance, c’est la sélection naturelle (cf. la théorie de l’évolution de Darwin).

J’en arrive à la deuxième partie de ta question.

Quand un évènement arrive et vient déséquilibrer ton écosystème (souvent l’humain…), toutes ses relations entre les éléments de l’écosystème vont être modifiées. C’est à partir de ce moment qu’on va avoir par exemple la disparition d’un prédateur et une prolifération de ses proies ou d’une autre espèce qui était en compétition avec le prédateur. C’est précisément là que la chasse peut servir pour réguler la population qui prolifère trop et provoque des dégâts, le sanglier par exemple.

Dans le cas du sanglier, la prolifération de l’espèce s’explique par l’agriculture intensive notamment les cultures de maïs qui fournissent de la nourriture en abondance et des cachettes. Les chasseurs ne sont pas non plus innocents puisque dans les années 1960 la baisse des populations de petits gibiers a entraîné un report sur le grand gibier, les chasseurs ont pris des mesures pour augmenter les effectifs de sangliers, en faisant de l’agrainage ou en épargnant les vieilles femelles qui font plus de petits. Tout ça fait qu’on est passé de 36 000 animaux abattus en 1973 à 747 000 en 2019 et les indemnisations payées par les fédérations de chasse pour les dégâts occasionnés sur les cultures représentent 45 millions d’euros annuels sur les dernières années (30 millions environ il y a 10 ans).

Avec les confinements de 2020, la facture pourrait s’élever à 80 millions d’euros.

Dans ce cas-là il est clair que la population doit être régulée et la chasse est un moyen de le faire, il existe également des méthodes en parallèle qui consistent à poser des clôtures électriques autour des cultures pour les protéger. Quand on voit que malgré cette régulation la population continue à augmenter, on peut se dire que cette solution n’est pas viable à long terme et qu’il faudrait peut-être même davantage réguler. Mais il ne faut pas oublier que c’est bien notre mode de vie qui est responsable de cette prolifération mais c’est plus facile de tuer des sangliers que de nous remettre en question.

Comme le sanglier, le renard est aussi classé nuisible bien que ce statut soit loin d’être légitime. En effet celui serait dû à sa prédation sur le petit gibier et les volailles et au fait qu’il serait porteur de pathogènes. Ce statut a pour conséquence l’abattage d’environ 600 000 à 1 million d’individus par an. Mais dans les faits, le renard est plutôt un atout pour l’écosystème… Tout d’abord sa prédation sur les rongeurs rend un grand service à l’agriculture puisque les campagnols sont capables de manger 50kg de végétaux par an, sachant qu’un couple peut mettre au monde 100 individus par an et ainsi de suite les dégâts potentiels sur les cultures sont aisément imaginables. La prédation sur les volailles peut être vrai mais concerne souvent les animaux élevés et relâchés pour la chasse et donc inadaptés à la vie sauvage. Pour les poules domestiques, un poulailler bien construit évite très facilement les attaques du goupil. On en vient à la deuxième justification, son rôle dans la transmission de pathogènes et notamment de la rage dans les années 1970. C’était effectivement le cas mais ce problème n’est plus d’actualité puisque la rage a disparu officiellement du territoire depuis 2001 suite à la mise au point d’un vaccin. Il reste une autre maladie souvent citée, l’échinococcose alvéolaire provoquée par un ver parasite et qui est effectivement dangereuse voire mortelle mais de 1982 à 2009 c’est uniquement 417 cas qui ont été recensés en France, soit une quinzaine de cas/an… Pour terminer, une étude récente menée au Pays-Bas a montré que le renard était en revanche un bon allié pour lutter contre la propagation de la maladie de Lyme. Elle a prouvé que dans les forêts où les renards évoluaient sans contraire, le nombre de nids de tiques et donc de porteurs de la maladie, était bien inférieur à des forêts où il était chassé ».

Merci Sébastien pour cette analyse. Il n’a souhaité défendre aucun des deux camps et a tâché de conserver sa neutralité. On voit bien que la situation n’est pas tout rose ou tout noir. Je retiens que la chasse peut fonctionner, mais pas à long terme. Cela renvoie donc le problème conjointement aux ministères de la transition écologique et de l’agriculture. Nos scientifiques français et européens ont des idées pour faire les choses différemment, ce qui ne veut pas dire que la chasse soit forcément appelée à disparaître. En durcissant un peu le processus d’entrée et les méthodes de prélèvement on finira par diminuer un peu la population de chasseurs et du coup leurs besoins en gibier. En les faisant travailler de concert avec des agences naturalistes créées pour l’occasion, on pourrait réconcilier tout le monde et œuvrer réellement pour la nature, ça me tente bien tout ça !

Je vous laisse aller boire un verre d’eau, elle était costaud la question 7 !

8- ELEVAGE ET AGRAINAGE :

je ne comprends pas, si on tue les animaux pour réguler les espèces, mais qu’à côté il existe des lâchers d’animaux élevés en captivité ou qu’on nourrisse les animaux en pleine forêt pour les maintenir en vie. Quel est votre avis sur la chose ?

Alors, j’ai lu de tout et son contraire au sujet de ces pratiques, l’avis de nos intervenants m’intéresse énormément à ce sujet. Commençons avec Mathias qui affiche derechef son détachement de ses pratiques, qu’il conchie pour le dire poliment. C’est à cause d’elles qu’il a quelques temps pris ses distances avec la chasse, ou avec les groupes qui les pratiquaient. Il a été témoin de chasses pour personnes privilégiées à qui on ne pouvait pas permettre de repartir sans rien, devant lesquels on lâchait des faisans parfaitement domestiqués, aussi docile qu’une poule. Ils se faisaient tirer par le V.I.P, repartant fièrement avec son trophée d’une espèce particulièrement difficile à tirer. Il a attrapé des cailles à la main, tellement elles étaient dociles. Pour lui, ce n’est qu’une question de temps avant que ce genre de chasses ne disparaissent, il n’en doute pas.

Ce sentiment est corroboré par Christophe, qui bien qu’un peu dégoûté, explique qu’il faut bien pourvoir organiser sur commande des chasses pour les généreux mécènes du système. Pour lui, les élevages notamment, répondent à ce « besoin ». C’est le gros point noir de la chasse moderne, sans argent pas de chasse et sans chasse la prolifération attendue des espèces dominantes (cerfs, sangliers). J’ai envie d’ajouter assez justement : pas de palais, pas de palais, comprenne qui pourra. Florian aussi s’inscrit dans cette continuité. Il pense que les lâchers de faisans (et autres) sert à masquer les baisses de population liées à la destruction des habitats, pour maintenir un semblant de continuité, de normalité. Ayant vu certains élevages, il juge abjectes les conditions de vie de ces animaux, dont le bien-être n’est clairement pas la priorité.

Il ne faut pas oublier selon lui, que le lobby défend le business de la chasse en priorité, et les élevages en font grandement partie, si détestable cela soit-il. Pourtant il ne perd pas espoir, il connaît moult chasseurs qui se sentent honteux d’être associés à cela. Concernant l’agrainage, il sait qu’il est parfois pratiqué pour dévier le gibier des grandes cultures ou pour sédentariser des populations et éviter qu’ils ne voyagent trop loin (impossibilité de suivi, de comptage, propagation possible des maladies). Cela leur permet-il de mieux tenir en hiver et donc de faire proliférer l’espèce ? Il ne le sait pas, avoue-t-il en toute honnêteté. Pourtant, pour lui c’est davantage le refus de tirer les femelles qui aide l’espèce à exploser, plutôt que l’agrainage. Ce serait donc l’arbre qui cache la forêt. Il partage avec moi une anecdote récente, de la semaine passée. Des chasseurs du Doubs ont été pris en train d’effectuer un lâcher de sangliers d’élevage, dans un contexte de peste porcine, il trouve ça profondément honteux.

Il faut savoir au sujet des chasseurs, que les citoyens contribuent à leur action de destruction de la biodiversité, nous dit Anne. En effet, une partie de nos impôts se transforme en subvention reversées à l’ONCFS et aux fédérations de chasseurs, comme pour toutes les associations sportives qui y sont éligibles. Au surplus, elle nous parle des amendes, peu médiatisées il est vrai, que nous inflige la Cour Européenne de Justice pour des infractions constatées dans le milieu de la chasse. Elles sont à nouveau réglées avec l’argent du contribuable, pour des faits ne touchant que 2% de la population française. C’est un peu fort de café, me confie-t-elle.

A son tour, Roz’n rebondit sur l’aspect douteux de la régulation au regard de ces deux pratiques. Pour elle, c’est devenu un loisir, sauf que la vraie vie n’est pas un jeu de tir au canard sur console. On tue et on supprime des vies. Qui sommes-nous pour juger que la vie d’un oiseau ou d’un cerf vaut moins que la vie humaine ? Elle justifie son propos par l’exemple de la pêche « no kill » qui peut se pratiquer volontairement sans ardillons pour ne pas blesser inutilement le poisson que l’on veut relâcher. Elle se demande si on ne pourrait pas mettre quelque chose de semblable en place, par exemple chasser avec des seringues hypodermiques pour endormir le gibier, faire sa photo pour nourrir le désir de chasser et le loisir, tant qu’à faire, piquer l’animal avec un produit contraceptif et le laisser repartir quelques heures plus tard. Il vivra sa vie classiquement, sans se reproduire et donc sans contribuer à la prolifération de son espèce. Si jamais il est de nouveau repris au mauvais endroit, ce qui n’arrivera pas à tous les individus, on pourra alors se poser la question de l’abattre ou de le déplacer.

Je réfléchis à ces deux problèmes également en retranscrivant les propos des collègues. Je me dis que, une fois de plus la solution de l’agrainage intelligent se trouve peut-être auprès des scientifiques qui, pareil aux océanologues qui vont sur le terrain, pourraient avoir en charge cette fonction d’éloignement des populations nuisibles ou de sédentarisation. Laissant ainsi l’activité purement régulatrice de mise à mort aux chasseurs. Ainsi, plus de débordements. On pourrait également imaginer pour les élevages, puisqu’ils semblent importants au commerce de la chasse, mettre en place déjà une charte éthique dans les élevages pour garantir à l’animal une vie correcte mais également mettre en place des parcs privés, comme les safaris privés africains -tout détestables soient-ils pour certains-, qui seraient les seuls endroits où les lâchers seraient autorisés. Pas de culture à détruire, pas de faux débat, juste un commerce de la chasse sans fard et en connaissance de cause, mais coupé de la nature sauvage pour ne pas que cela ait d’impact. On pourrait alors opérer cette sécession souhaitée entre les chasseurs  »contre » ce genre de pratiques et ceux qui en apprécient l’usage.

9- TENSIONS :

entre les anti « extrémistes » qui se jettent sous les chevaux ou entre le cerf et le fusil, les chasseurs qui parfois se croient chez eux partout quitte à demander à des promeneurs de partir ou lancer des punchlines « faudra pas vous plaindre si… ». Ne pensez-vous pas qu’on puisse faire mieux niveau débat en France, en 2020 ?

Donnons la parole à Roz’n sur ce sujet. Pour elle, le problème est la stigmatisation du militantisme anti-chasse, qui est assimilé aux vegans et autres activistes. Moi-même je reconnais que j’ai eu du mal à faire la différence pendant mes recherches, voyant bien que beaucoup de ceux qui criaient, criaient « il ne faut pas tuer les animaux » affichant clairement un manque de compréhension de la chaîne alimentaire basique de l’humain, qui mange de tout donc des animaux. Je réitère ma provocation gentillette : d’où pensez-vous les amis que proviennent vos knackis, vos nuggets, vos bigmacs ? Reconnaissez dans vos propos sur « la conscientisation des sources alimentaires » que les chasseurs ont le mérite d’aller faire eux-mêmes la basse besogne et de pouvoir dire d’où vient précisément cette nourriture.

Mais elle est très droite dans ses bottes, notre Roz’n, elle reconnaît aussi que beaucoup de chasseurs sont assimilés au pochtron des inconnus, toujours soul, pas intelligent, purement viandard. Cela ne fait pas avancer le débat. La clé de sa réussite tient dans l’acceptation que l’autre n’est pas comme nous, et que si on veut aller vers lui, il faut se préparer et accepter, de faire des concessions. Par exemple, interdire la chasse n’est pas possible, les français soutiennent quand même en nombre cette discipline et 1 million de pratiquants ne s’oublient pas de la sorte. Par contre, puisque les gens se plaignant de la chasse sont encore plus nombreux, il faut faire un geste envers eux également. Elle propose par exemple d’interdire la chasse le mercredi qui est le jour des sorties pour les enfants et le dimanche, qui est un jour propice aux associations, aux sorties de tout poil. Cela laisse 5 jours par semaines et apparaît il est vrai, comme une faible concession mais qui pourrait satisfaire un grand nombre de non-chasseurs.

Sachant que, elle ne perd vraiment pas le nord, elle explique que le dimanche pourrait offrir aux chasseurs l’opportunité d’arpenter les sentiers de la veille pour ramasser d’éventuels déchets, découvrir de nouvelles zones, repérer un lieu pour une future chasse, emmener leurs enfants découvrir la nature en toute sécurité, planter des haies ou des clôtures pour les paysans qu’ils défendent si chèrement, manger les bêtes tuées la veille dans des repas amicaux. Comme elle le dit si bien, zut alors, laissez-nous un jour le week-end à nous qui travaillons la semaine, pour profiter du calme et de la sécurité que peut nous offrir la nature.

Dans sa continuité, Anne rétorque que le débat ne sera pas possible tant que le lobby de la chasse continuera d’imposer son influence sur nos politiques (elle cite une longue liste d’hommes politiques chasseurs ou notoirement amis de la chasse). Elle souhaite que soit enfin reconnu que la chasse-loisir doit s’arrêter car obsolète, incongrue compte tenu de l’évolution humaine au regard de la nature, de la sensibilité et conscience des animaux. Elle regrette que depuis 2016 l’Assemblée Nationale ne communique plus les chiffres des pro-anti chasse, cette année là elle dénombrait 250 soutiens à cette pratique. Son constat est que les chasseurs sont en France, plus protégés que les animaux (45 millions d’animaux tués chaque année pour cette chasse-plaisir). Certains crédits alloués à la chasse sont plus élevés que certaines budgets pour la jeunesse ou les maladies orphelines, dans ces circonstances, comment peut-il y avoir un débat, tranche-t-elle.

Côté chasseur, Florian coupe court dans sa réponse. Cela ne l’intéresse pas vraiment, pas le débat, mais lui, de débattre. Si quelqu’un l’interpelle sur une chasse, il passe son chemin, s’il est agressif, il s’en va et puis c’est tout. Bien sûr qu’une réforme de la chasse est nécessaire, par contre il nous met en garde contre le spécisme pur et dur, qui est du pain béni pour l’agro-industrie qui pourra alors nous vendre sa « process food » (nourriture industrielle) sans trop de viande, plus chère que la vraie viande qui finira par devenir un luxe ou une denrée illégale. Christophe y a bien réfléchi et accorde qu’on pourrait sûrement faire mieux. Il compare cette opposition aux manifestations où les policiers se prennent des jets de pierre, de verre, du feu, lancés par un petit groupe de casseurs. Bien sûr qu’à la fin ils vont charger et ça va péter, comme il dit. Seulement, il déplore que le niveau assez bas des échanges ou des interventions qu’il a pu avoir ou voir, côté anti-chasse. « Il leur faut notre sang » répète-t-il en faisant allusion aux centaines de commentaires d’anti, que j’ai également croisés : « ce sont les chasseurs qu’il faut abattre, un bon chasseur est un chasseur mort, j’aimerais avoir un fusil moi aussi pour les tuer ». « Ce sont peut-être eux les fous furieux sanguinaires » conclut-il entre taquinerie et grand sérieux.

Enfin, Mathias prend la barbe du père Fouras quelques instants, en annonçant qu’en aucune chose les extrêmes sont bonnes. Ils ne donnent vraiment pas envie de leur parler, ils sont énervés, hurlent non-stop, insultent à tout bout de champs, ressortent des arguments infondés ou mille fois démontés, ils mettent tous les chasseurs dans le même panier. On ne peut pas discuter avec eux. Il veut bien ne pas être d’accord, mais pas « ne pas être entendu ».

10- DEMAIN :

comment voyez-vous le futur de la chasse ? Faut-il carrément interdire toutes les chasses et créer un métier privé ou public de « tueur de nuisibles » comme pour les loups en Russie ? Faut-il au contraire garder la chasse mais la rationaliser en augmentant les contrôles, en interdisant durement les pratiques douteuses ?

Puisqu’il est sur sa lancée, continuons avec Mathias Père Fouras ! Selon lui la chasse sera évidemment encore là demain, mais pour combien de demains ? Elle évoluera sûrement mais au vu de l’extrémisme du camp d’en face, qu’en restera-t-il à la fin ? Christophe, notre piégeur, admet que la chasse change et que les chasseurs sont désormais plus sensibles à leur environnement, à la nature, au bien-être animal. Il manque encore un peu de temps pour que ces idées fassent leur chemin dans le cœur de la communauté. Les gardiens des traditions sont des personnes attachées au passé, et ce cœur dur de chasseurs servent également de mémoire à la discipline. C’est une bonne chose car il y a des héritages du passé qui doivent perdurer, ne serait-ce que pour le devoir de mémoire mais aussi car certaines pratiques vont dans le sens du respect de la nature (comme honorer l’animal tué, par un rite spécifique). Par contre, ils doivent aussi apprendre à lâcher du lest sur des terrains moins défendables, c’est en cela qu’ils montreront la grandeur de leur discipline.

Florian est méthodique, il établit une liste de ce qu’il aimerait voir changer. Le permis devrait être plus dur à obtenir afin de garantir cette volonté de « filtre dès l’examen » et plus facile à perdre pour garantir cette volonté de transparence des « bonnes pratiques de chasse ». Par exemple, obliger le demandeur à solliciter un médecin du travail et non un médecin de famille, potentiellement complaisant avec un ami (surtout s’il chasse également). Faire interdire les chasses qui font notoirement souffrir inutilement l’animal, au sens scientifique du terme bien sûr, pas au sens spéciste. Des pénalités plus sévères pour mauvaise gestion d’un territoire de chasse, autant pour les surpopulations que les dépopulations. Interdire les lâchers, sauf en primo-réintroduction en vue de re-naturaliser des espèces disparues ou en voie de. Interdire les battues le dimanche (y croyez-vous, un chasseur et un anti-chasse qui sans se concerter proposent la même chose, ndlr). Florian, qui milite pour d’autres choses dans la société, incrimine également fortement le lobbying et préconise de criminaliser toute activité de lobbying, qui selon lui est un procédé gangrenant la démocratie.

Il va plus loin encore dans ces propositions, car il souhaiterait davantage de lien et de projets entre chasseurs et associations naturalistes. Pour lui, les chasseurs pourraient très bien être un relais de re-naturalisation des espèces. Cela a été avéré en Moselle dans son coin, où après des tractations on est parvenu à un accord de ZÉRO prélèvement d’une certaine espèce pendant toute une année. Les « viandards » ont saisi jusqu’au préfet pour contrer la démarche, sans réussite explique-t-il. De même, il fut décidé lors de ce partenariat, de garantir la mise en place de zone aménagées d’habitats pour les espèces menacées, où les chasseurs se sont engagés de ne pas aller. Résultat, des espèces ont pu recoloniser un habitat historique et participer un peu plus au rééquilibrage de la balance cynégétique. Si cela, termine-t-il, il y avait moins d’intérêts financiers en jeu, moins de business… mais ces gens là semblent avoir tout à gagner à maintenir le conflit à un certain niveau, pour continuer de motiver les chasseurs et d’augmenter les rangs, au détriment de la Nature.

Dans l’équipe d’en face, Roz’n explique que selon elle, seule une volonté politique pourrait faire changer les choses, elle ne s’attend pas à ce que les chasseurs le fassent d’eux-mêmes. En attendant elle pense moderne, pourquoi pas une application pour promeneurs afin de pouvoir géolocaliser une action de chasse et savoir en temps réel quel secteur éviter ? Une telle appli pourrait également s’étendre à des sorties nettoyages de forêt, plantation d’arbres dans les lieux où le gibier les a dévasté, sortie canines… de sorte d’offrir au citoyen d’investir l’espace forestier et la campagne. Brigitte est un peu plus sceptique, pour elle il faudra encore 2 générations pour pouvoir vraiment envisager d’interdire ou de fortement réduit, la pratique de la chasse, ou du moins les pratiques vraiment barbares.

Enfin, Anne répond longuement. L’humain est certes un animal parmi les autres, mais puisqu’il se prétend supérieur à eux, il se doit de partager la Terre-Mère avec, justement. Nous sommes des prédateurs qui n’avons plus besoin de chasser pour nous nourrir, estime-t-elle, les abattoirs ont pris cette fonction peu appréciée. Elle aimerait que les chasseurs soient traités en fonction de leur importance réelle et non supposée, en rappelant qu’ils ne sont que 2% de la population et qu’ils ne devraient pas à ce point impacter notre pratique de la nature. Pollution par le plomb, destruction d’habitats et d’animaux, pollution par le bruit, stress des animaux comme des non-chasseurs… Toutefois, elle n’est pas contre la création d’un métier spécifique en recrutant des chasseurs compétents afin qu’ils deviennent en quelque sorte les exécutant de la régulation animale (des tueurs légaux, pour résumer).

Grâce à elle, nous pouvons aborder le vrai point que personne avant cela n’avait abordé dans ce reportage, celui des prédateurs. On ne peut plus dire aujourd’hui que notre nature française peut s’auto-réguler, c’est faux nous l’avons vu via Sébastien pour qui les grands espaces ont tous été modifiés par l’humain. En l’absence de prédateurs, il n’y a plus de freins au boom des espèces majeures. Anne propose donc de complexifier les contrôles envers les bergers et les éleveurs, qui eux font un lobby anti-prédateurs poussé afin de freiner la réinsertion des loups, des ours, des lynx, pourtant les meilleurs garants de l’équilibre cynégétique français (et européen à plus grande échelle). Il est à nouveau question d’une cohabitation mais différente. Certains bergers aidés de un ou deux chiens, constatent que les attaques des loups se font très rares. S’il faut lancer un programme pour doter les bergers de chiens de troupeaux afin de réorienter le loup vers d’autres cibles alimentaires, cela ne semble pas infaisable ou ruineux ? Déplacer les troupeaux vers des vallées moins exposées au loup semble aussi une solution envisageable, les montagnes ne manquent pas de pâture et une agence gouvernementale spécifique pourrait faciliter les transactions foncières ou les accords juridiques pour rendre cela possible ? Des solutions existent, sachant bien sûr que les bergers qui perdent des animaux face aux loups (ou à d’autres choses) sont indemnisés pour cela. L’argument du manque à gagner ne peut donc pas à lui seul empêcher la nature de reprendre son cours, mais d’un autre côté nous ne prônons pas de sacrifier les bergers sur l’autel des prédateurs.

Anne conclut son intervention par une citation de Romain Rolland « La cruauté envers les animaux et même déjà l’indifférence envers leur souffrance, est […] la base de la perversité humaine ».

[BONUS] LE BON CHASSEUR :

j’étais obligé d’en passer par là chers intervenants. C’est quoi pour vous le bon chasseur… mais d’un autre côté… c’est quoi pour vous le mauvais chasseur ?

Selon Brigitte, le bon chasseur est la personne qui connaît vraiment la nature et ses habitants, qui la respecte même dans la mort et n’a pas besoin de 4×4, de fusils, ni d’une meute affamée. Il tue parfois mais évite de faire souffrir et respecte ses congénères humains. Pour Roz’n, c’est celui qui part seul ou à deux, qui applique les règles de sécurité quitte à rater un tir et qui est capable de rentrer bredouille sans être frustré. C’est celui qui ne vient pas sous vos fenêtres, qui ne fait pas de zèle inutile, qui part tuer un lièvre et revient sans en avoir tué ou blessé dix. C’est finalement celui qui a conscience que la chasse peut être une gêne environnementale et qui tente de minimiser son impact dessus (ramassage des plombs, des déchets, limitation des traces). Pour Anne, le bon chasseur c’est celui qui n’oublie pas, comme disait De Gaulle, que la guerre c’est comme la chasse sauf qu’à la guerre les lapins tirent aussi.

Selon Florian, « le bon chasseur se reconnaît avant le coup de fusil ». C’est à dire qu’au moment de tirer, il a pesé le poids des pour, des contre, il a mesuré ses savoirs naturalistes et éthiques à la situation et il pense déjà au respect de l’animal et des traditions visant à l’honorer. Pourquoi pas même, un chasseur qui a une certaine conception de l’esthétique (vêtements traditionnels, en Loden par exemple, coutellerie artisanale, armes gravées et familiales). Par opposition, le mauvais chasseur est le « beauf » vêtu en costume de camouflage d’une célèbre marque sportive, qui vient tuer son mâle à cornes, poser pour le souvenir sur l’Iphone, mettre sa photo sur instagram pour recevoir des congratulations pour son exploit et laisser ensuite le boulot d’éviscération aux vieux.

Christophe, qui a été taquin tout au long de ses réponses, répond de but en blanc en riant « le bon chasseur ? C’est moi ! ». On sait qu’il plaisante, car il m’a expliqué qu’il ne chassait plus, se limitant au piégeage. Selon lui, c’est le bons qui sort pour apprécier la nature, les animaux, il tire s’il le faut en fonction des consignes de régulation, sinon il est content d’être là tout de même. Souvent le bon chasseur aime tellement les animaux qu’il possède un ou plusieurs chiens (sans parler de meute) et en prend grand soin. C’est un peu à l’opposé, pour lui, de « l’anti-tout-super-écolo » qui croit être l’ami des bêtes parce qu’il a un chat dans son appartement, qui ne sort presque jamais, qui mange des croquettes en niant bien sûr qu’elles contiennent des animaux morts. C’est un comportement hypocrite qu’il abhorre. Pour lui, le mauvais chasseur c’est une petite partie du lot, qui font ceux qu’ils veulent sans se soucier des conséquences, notamment d’alimenter les ardeurs des « anti-tout ». Il se plaît à croire, dit de façon poétique et très remanié, qu’un jour il y aura moins de mauvais chasseur et plus de bons anti-chasse, mais il sous-entend que ce n’est pas près d’arriver.

Je laisse le mot de la fin à Mathias qui, sans vraiment définir le bon chasseur selon lui, espère qu’il est un modèle de bon chasseur, il s’en donne les moyens en tout cas et chasse avant tout pour ramener de la viande sur la table, avec une méthode qui lui parle tout particulièrement. Il aime à croire qu’il est « respectueux de l’animal, dans le sacrifice [qu’il] lui demande ». Il initie ses enfants au pistage, à la connaissance des bois et de la nature (en résumé, du bushcraft). D’un autre côté, il définit le mauvais chasseur comme celui qui taquine la bouteille en pleine chasse, qui laisse ses cartouches à terre mais il reste optimiste, à un moment donné celui-là sera écarté de la meute pour ne pas avoir su changer.

FIN DES QUESTIONS

[Aparté de Renan]

Je ne donne pas mon avis habituellement dans mes articles, mais après tout c’est mon site, c’est moi le rédacteur de l’article, et les intervenants me poussent à m’exprimer sur le sujet, alors allons-y. De plus, les mauvaises langues dirons que c’est trop tard pour les remords car j’ai ajouté des petites annotations personnelles à quasiment chaque question, alors foutu pour foutu.

J’ai conscience que les personnes contre la chasse vont avoir du mal avec ce reportage, certaines d’entre elles estimant que le simple fait d’envisager de tuer des animaux est « inhumain ». Je pense au contraire qu’il ne faut pas confondre les animaux et les humains. Il est inhumain de tuer un humain, sans vouloir jouer sur les mots. Mais qu’un prédateur tue une proie ne choque personne, tout dépend de l’angle selon lequel est tourné le reportage. Si on débute un reportage africain par les gazelles, on voit la lionne comme une furie sanguinaire psychopathe. Si on débute par les lionceaux, on voit la gazelle comme une alimentation saine et équilibrée pour ces petits champions.

Au même titre, en se basant sur l’étude des écosystèmes et notamment des chaînes alimentaires, rappelons que l’humain fait partie des plus grands prédateurs de la planète. Nous mangeons ce que nous trouvons dans la nature, même si nous avons exporté cette nourriture hors de la nature « sauvage » pour l’amener dans nos cités. Alors oui, pas au sens naturel du terme car il n’est pas aussi bien pourvu que les loups, les ours, les coyotes, les lions… Mais de par son évolution force est de constater qu’il est parvenu à se doter de crocs et de griffes, qui deux mille ans plus tard sont devenus les armes à feu. Je pose donc la question de manière ouverte, sous couvert d’aimer la nature et ses habitants, faut-il pour autant nier à l’humain qui est une partie intégrante de cet écosystème, sa place naturelle ? Amis contre la chasse, vous n’êtes pas tous végans, vous êtes conscients que vos knackis, vos nuggets, vos lardons fumés, votre foie gras de Noël… ne vient pas des arbres ? Je ne relance pas le débat sur la qualité de vie dans les élevages ou la cruauté supposée des mises à mort en abattoir. Simplement, j’insiste sur la notion de droit de l’Humain à pouvoir vivre dans son milieu naturel comme tel, j’ai horreur de l’hypocrisie qui consiste à dire « de quel droit tuez vous… ». Ma foi, il y a encore 60 ans avant l’arrivée en puissance de la surconsommation, des hypermarchés et de la déresponsabilisation-distanciation totale des consommateurs par rapport à leurs aliments, tout le monde à la ferme tuait ses animaux soi-même, on était pas un jeune homme ou une jeune femme si on ne savait pas saigner correctement un poulet ou dépiauter un cochon, planter ses patates, ses poireaux, ses oignons, ses navets ou ses choux.

A mesure qu’arrive le progrès, on se désintéresse de nos sources alimentaires pour se concentrer sur des choses que l’on juge sans comprendre. J’ai eu le plaisir de parler à des personnes consciencieuses à travers cet article, dans les deux camps et je suis déterminé à croire qu’ils visent tous la même chose, c’est à dire faire ce qu’il y a à faire, si peu plaisant que cela puisse être, mais le faire convenablement. C’est à dire avec une éthique scrupuleuse et des méthodes expéditives mais surtout, sous couvert de bon sens, moral et naturaliste.

Mon point de vue de moniteur de bushcraft-survie ne peut s’empêcher de constater que, comme je le dis souvent, si nous n’étions pas aussi généralement éloigné de la nature qui nous a vu naître, nous saurions que l’Humain n’est pas un étranger dans ces grands milieux naturels. Que nous croyions au jardin d’Eden ou plutôt à l’évolution darwinienne, à chaque fois la nature a un rôle important dans notre passé. Devons-nous imposer notre vision du modernisme consistant à nous nourrir exclusivement de viandes ou de poissons issus d’élevage ou à renier la viande comme certains courants le suggèrent ? Mais alors la prochaine étape est d’interdire la pêche en haute mer pour les mêmes raisons ? Désormais nous ne mangerons que du poisson d’élevage ? Avez-vous déjà comparé le goût d’un saumon d’élevage, élevé aux hormones et aux médicaments, par rapport à un saumon pêché en liberté ? Quand je vois les résultats des études du laboratoire de Clermont-Ferrand, tendant à prouver que les arbres ont la capacité de ressentir des choses, d’appréhender leur environnement je me dis que cette façon de penser n’aura comme échappatoire que le suicide collectif de notre espèce entière, car alors nous ferions même souffrir notre dernière ligne de défense alimentaire, les végétaux ? Or, le suicide va à l’encontre de notre cerveau primaire qui pousse notre espèce à survivre et à croître pour son propre bien.

Je suis le premier à reconnaître que de nombreuses pratiques autour de la chasse sont ignobles et à abolir, mais je suis aussi le premier à reconnaître que la chasse est notre plus ancienne source de nourriture, nos canines ne servant sûrement pas à arracher la chair des baies sauvages que nous trouvions à l’époque. La conserver, naturellement je dis oui, la modifier pour l’actualiser au vu de notre époque, je réponds également oui. Aussi, plutôt que de stagner sur des « ce sont des assassin et des meurtriers » d’un côté, et des « ce sont tous des agités du bocal » de l’autre côté, pourquoi n’irions-nous pas vers l’étape suivante, celle de l’auto-analyse et de la remise en question, vers un consensus national inspiré pourquoi pas d’autres pratiques européennes afin de mettre en place une chasse qui devienne purement nécessaire et fondamentalement digne ?

-III- ANNEXES

1) Dominique VENNER (livres recommandés par Florian) : dictionnaire amoureux de la chasse ; beaux-arts de la chasse ; les couteaux de chasse.

2) Eugène MERTZ (livres recommandés par Florian) : savoir découper un gibier ; examen sanitaire des venaisons

3) Bertrand HELL (livre d’un anthropologue recommandé par Florian) : le sang noir ; faits et dire de chasse dans la France de l’Est.

4) Marc GIRAUD (livre recommandé par Florian) : comment se promener dans les bois sans se faire tirer dessus.

5) Quelques articles pour mieux comprendre les anti-chasses :

https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2017/10/26/01016-20171026ARTFIG00290-chasse-cinq-points-de-discorde-entre-pro-et-anti.php

http://seme.cer.free.fr/ecologie-profonde/pro-et-antichasse-ribotto.pdf

http://www.oiseau-libre.net/Ressources/PDF/Chasse/RAC_faq_lutte_chasse.pdf

6) Quelques articles pour mieux comprendre la chasse :

https://www.chasseurdefrance.com/decouvrir/histoire-de-la-chasse/

https://www.lalibre.be/debats/ripostes/la-chasse-necessite-ecologique-ou-simple-divertissement-5258c5663570d36e85e38381

Renan

Fondateur et moniteur à la Skol Louarn

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